La création pour sensibiliser

Plastic lanscape blue & red, 348 gaines de cartouches de fusil, 100 cm x 132 cm, 2015

L’ARTISTE

Sophie Hélène est la fondatrice de l’association SOS laisse de mer. Elle vit et travaille en baie de Somme. Elle glane, ramasse, récupère, entrepose, collectionne, accumule, installe et… transforme. Sa matière première : le rebut, le déchet, le « laissé pour compte », l’abandonné.
Sa méthode : la collecte aléatoire.
Son territoire : les laisses de mer.

Depuis toujours, compulsivement, Sophie recueille et met en scène les petits riens qu’elle amasse, les jours ordinaires, là, juste au ras de ses pieds de marcheuse. On imagine, dans l’organisation de ses assemblages, un penchant pour la métamorphose, un goût de l’alchimie. Elle n’a de cesse de mettre en parallèle la démesure de la croissance économique et la source intarissable d’une collecte potentiellement infinie de déchets à transfigurer.

En s’appuyant sur la poétique qui est la sienne, Sophie Hélène ouvre une piste de réflexion sur notre devenir. Aujourd’hui, le questionnement sur la préservation/non-préservation de l’écosystème naturel s’inscrit à la fois dans sa démarche artistique et dans sa conscience citoyenne.

Sophie Hélène nous invite à l’accompagner dans ses promenades pour redonner sa dignité à la laisse de mer trop souvent oubliée.

LA CRÉATION POUR SENSIBILISER

On attend généralement des politiques qu’ils règlent les problèmes immédiats des populations qui les ont élus. Mais n’est-ce pas tout autant le rôle des intellectuels et des artistes d’anticiper les diverses mutations de la société, et d’aborder, à leur façon et avec leurs compétences les questions qui dérangent ?

C’est par exemple, le regard singulier que l’artiste transmet à travers ses œuvres, qui prend tout son sens lorsqu’il aboutit à bousculer l’inertie ambiante de ses contemporains.
Devant la gravité des problèmes environnementaux actuels, des artistes du monde entier se mobilisent pour rejoindre des acteurs engagés concrètement sur le terrain qui, sur tous les continents, participent à une prise de conscience active. Il s’agit bien de gérer collectivement l’avenir incertain de notre planète.

La question du devenir du déchet n’a pas fini de s’immiscer dans celle du devenir de l’homme !
Et les artistes auront encore, et pour longtemps sans doute, à jouer une partition de « lanceur d’alertes » devant des préoccupations universelles.

M.F. Lallemant